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 Projet de traduction : GAUNILON, Liber pro insipiente

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Olivier

Olivier


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Projet de traduction : GAUNILON, Liber pro insipiente Empty
MessageSujet: Projet de traduction : GAUNILON, Liber pro insipiente   Projet de traduction : GAUNILON, Liber pro insipiente EmptySam 14 Mar - 6:09


LIVRE EN FAVEUR DE L’INSENSE
par GAUNILON - Moine majeur du monastère


Collaboration avec TG

Original latin
Version anglaise anonyme

1. Si quelqu’un met en doute ou nie l’existence d’un être tel que rien de plus grand ne puisse être pensé, dans un premier moment on lui dit que celle-ci est prouvée en ce que soit qu’il la nie, soit qu’il en doute, cela présuppose qu’il ait lui-même d’ores et déjà cet être dans son intelligence. Lorsqu’il en entend parler, il comprend ce qu’on lui en dit. Ensuite, elle est prouvée en ce qu’il comprend qu’il est impossible que cet être soit dans l’intelligence sans être aussi dans la réalité. Et la preuve en est qu’être ET dans l’intelligence ET dans la réalité est plus grand que d’être seulement dans l’intelligence. Car s’il n’était que dans l’intelligence, tout ce qui s’est jamais trouvé dans l’intelligence et tout ensemble dans la réalité serait plus grand que lui : et ainsi, ce qui est plus grand que toute autre chose serait plus petit que quelque chose, et ne serait donc pas plus grand que toute autre chose, ce qui est tout-à-fait contradictoire. Aussi est-il nécessaire que ce qui est plus grand que toute autre chose soit non seulement dans l’intelligence (comme il a été établi), mais encore dans la réalité, puisque autrement, il ne pourrait pas être plus grand que toute autre chose.

2. Peut-être l'insensé pourrait-il répondre : si l'on dit de cet être qu'il est d'ores et déjà dans mon intelligence, ce n'est que parce que je comprends ce qu'on en dit. Et ne puis-je pas dire aussi qu'à l'instar de ce dernier, des choses fausses, et qui en elles-mêmes n'existent absolument en aucune manière, se trouvent dans mon intelligence, dès lors que lorsque quelqu'un en parle, je comprends tout ce qu'il peut en dire ? A moins qu'il se trouve établi que cet être soit tel que l'on ne puisse l'avoir en la pensée, comme on a dans la pensée les choses fausses ou bien dont l'existence est douteuse : mais alors, il s'ensuit que l'on ne peut dire de moi que j'y pense en en entendant parler, ou que je l'ai en ma pensée. Pourtant, il faut bien que je le comprenne, et que je l'aie dans mon intelligence. Car il va de soi que je ne peux y penser autrement qu'en le comprenant, c'est-à-dire que je ne peux penser à cet être sans que son existence dans la réalité se trouve comprise dans la connaissance que j'en ai. Mais si tel est le cas, il faudrait dire en premier lieu qu'il n'y aurait plus, entre ce qui vient d'abord chronologiquement – à savoir qu'on ait une chose dans l'intelligence – et ce qui vient ensuite – à savoir qu'on comprenne que cette chose existe – la même différence que celle qu'on applique à la peinture, laquelle se trouve d'abord dans l'âme du peintre, avant d'être dans la réalité. Ensuite, c'est à peine si l'on pourrait soutenir de manière crédible que cet être, lorsqu'on en parle et lorsqu'on en entend parler, ne peut être pensé inexistant, comme on pourrait penser que Dieu n'existe pas. En effet, si l'on ne peut pas penser qu'il n'existe pas, pourquoi prend-on part à tout ce débat contre ceux qui nient ou qui doutent qu'il existe une entité de cette nature ? En dernier lieu, que cette entité existe de telle manière que l'on ne puisse percevoir de manière certaine par l'intelligence l'existence propre et indubitable de l'intelligence elle-même sans bientôt après la penser : cette affirmation quelque peu risquée, il faudrait me prouver sa vérité par un argument qui soit différent de celui d'après lequel ce que je comprends lorsque je l'entends doit se trouver d'ores et déjà dans mon intelligence. Car à ce compte-là, j'estime que n'importe quelle fiction dont jusqu'à présent j'ai pu comprendre le nom, pourrait exister tout pareillement ; et d'autant plus si j'en étais trompé, comme il arrive souvent, et si j'étais persuadé de [la vérité de votre thèse] qui n'emporte toujours pas ma conviction.

3. De là vient que l'exemple précédent du peintre qui a d'ores et déjà dans son intelligence la peinture qu'il doit réaliser, ne saurait s'accorder comme il faut avec cet argument. En effet, cette peinture dont il est question se trouve dans l'art qui est le propre du peintre, avant qu'il ne la réalise ; et quelle que soit la chose qui se trouve ainsi dans l'art d'un artisan ou d'un artiste, elle n'est jamais qu'une partie de l'intelligence qui est la sienne. Car (selon ce qu'affirme Saint Augustin) lorsque l'artisan doit fabriquer un meuble, il a ce meuble contenu dans son art, avant de l'avoir « mis en œuvre » : le meuble qui est produit n'est pas vivant, tandis que le meuble qui est dans l'art est vivant. C'est que l'âme de l'artisan ou de l'artiste, dans laquelle sont toutes ces choses qui sont produites, est vivante. En effet, pour quelle raison ces choses sont-elles vivantes au sein de l'âme vivante de l'artisan ou de l'artiste, si ce n'est parce qu'elles ne sont autres que la science ou l'intelligence de l'âme elle-même ? Sans aucun doute, hormis ce qu'on sait appartenir à la nature même de l'esprit, tout ce que l'on perçoit vraiment par l'intelligence, soit qu'on en entende parler, soit qu'on le découvre, est chose réellement distincte de l'intelligence elle-même, qui le saisit. En conséquence, même s'il était vrai qu'il existe une entité telle que rien de plus grand ne puisse être pensé, celle-ci – entendue et comprise – ne serait pourtant pas comparable à la peinture encore à l'état de projet dans l'intelligence du peintre.

4. A cela s'ajoute ce qui doit avoir été remarqué plus haut, à savoir que ce dont on dit qu'il ne peut être que Dieu lui-même est plus grand que tout ce qui peut être pensé, précisément en raison de cela : qu'il est plus grand que ce qui peut être pensé. Pour ma part, je ne puis pas plus penser objectivement à cette chose dont il est question, ou l'avoir dans mon intelligence – qu'elle me soit connue par l'espèce ou par le genre – qu'il ne m'est possible de le faire pour Dieu lui-même, de qui je suis par ailleurs dans l'impossibilité de penser qu'il n'existe pas, de par sa nature même. En effet, je ne connais pas davantage ce que Dieu est en lui-même qu'il ne m'est possible de conjecturer ce qu'il est en lui-même d'après quelque chose qui lui serait semblable, puisque vous affirmez de lui qu'il est tel qu'il est impossible qu'il existe quoi que ce soit qui lui soit semblable.
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