En étudiant en détail la construction européenne, je suis arrivé à la conclusion que l'Union européenne souffre de huit problèmes majeurs:
1 ) Un processus d'intégration antidémocratique
La construction européennne est faite par les politiciens et les lobbies. Comme les citoyens européens n'ont pas droit au chapitre, les avancées ne sont pas faites à leur avantage et les institutions européennes butent continuellement sur l'opposition des populations.
2 ) Le déficit démocratique des institutions
Conséquence du déficit démocratique de la construction européenne, des institutions européennes qui souffrent elles-mêmes d'un fort déficit démocratique:
- Une chambre haute non élue (Le Conseil des ministres)
- Une chambre basse sans pouvoir (faible pouvoir budgétaire, pouvoir de contrôle et pouvoir de codécision)
- Une Commission non élue
- Monopole de l'initiative législative pour la Commission, d'autant plus dictatorial qu'elle n'aura bientôt même plus un représentant par Etat membre
- Des traités qui imposent le programme du parti populaire européen au lieu de laisser le Parlement voter le programme
- Pas de pouvoirs référendaires
3 ) Pas de projet européen consensuel
Il n'y a jamais eu de consensus unanime entre les classes politiques ou entre les peuples ni la nature de l'Union (confédération, fédération ou Etat unitaire?), ni sur les compétences qui devaient être déléguée aux institutions européennes.
4 ) Un clivage incompressible et ingérable
Les principales forces sont les fédéralistes sociaux (la majorité des électeurs européens, sans représentation politique ou associative), les confédéralistes libéraux (la majorité des mandataires nationaux), les unitaristes européens (la majorité des mandataires européens et régionaux) et les lobbies ultralibéraux et atlantistes (Selon leurs intérêts, ils font généralement pencher la balance en faveur des confédéraliste libéraux,parfois des unitaristes européens).
Les fédéralistes sociaux, les confédéralistes libéraux et les unitaristes européens sont inconciliables sur les questions du marché et de la place des Nations dans l'UE. Cela se traduit dans les institutions a mi-chemin entre le confédéralisme et le fédéralisme avec des mandataires européens bataillant, heureusement sans succès, pour créer un Etat unitaire. Les fédéralistes sociaux sont la faction la plus faible bien que son idéal ait souvent été récupéré comme justification par les autres forces. Les lobbies ultralibéraux et atlantistes sont la faction la plus forte et influente grâce au déficit démocratique de l'UE, en particuler dans le domaine référendaire.
5 ) Le marché commun pour seul projet
Le résultat des luttes qui opposent les factions précités est l'orientation constante de la construction européenne vers la réalisation d'un marché commun dirigé par des institutions européennes qui jouerait le rôle d'une sorte d'OMC européenne.
D'où vient cet engouement pour la marché commun?
-Les mandataires européens y gagnent l'affaiblissement des Etats membres et une mission qui justifie leur appointement (réguler le marché).
-Les mandataires nationaux peuvent invoquer le dumping social généré par le marché pour instaurer un politique économique ultralibérale, une politique tellement plus confortables pour des dirigeants inaptes.
-Les lobbyistes ont obtenu un marché ouvert aux assauts de leur maîtres chinois ou américains.
-Les fédéralistes sociaux considéraient le marché commun comme un étape obligé vers une fédération européenne et l'ont accepté sans prendre de garantie; quelqu'un ont compris trop tard que le marché n'était qu'une étape vers le fédéralisme et non l'amorce d'un processus de fédéralisation.
La volonté des différentes factions de créer un marché commun n'implique pas pour autant qu'il constitue un projet consensuel:
-les unitaristes européens veulent des institutions européennes toutes puissantes,
-les confédéralistes libéraux veulent des institutions européennes faibles
-les lobbyistes veulent des institutions européens fortes pour empêcher l'action des Etats membres mais minarchistes.
-Les fédéralistes sociaux voulaient un Etat fédéral fort pour agir au nom des Etats, les défendre, contribuer à leur prospérité générale et mettre en oeuvre un marché commun doté d'une sécurité sociale commune. Désormais, la majorité d'entre eux ne croient plus pouvoir retirer quoi que ce soit d'une construction européenne sur laquelle ils n'ont plus aucune prise.
Voilà pourquoi le marché commun, malgré la volonté commune, ne fonctionne donc pas mieux que le reste.
6 ) Un usage malveillant des pouvoirs européens
Les Etats européens n'ont pas d'intérêt commun hormis le maintien de la paix et le maintien de la paix est déjà assuré par les Etats. C'est l'éducation dispensé par les Etats et la volonté des populations et de leurs mandataires nationaux qui font la paix, pas des institutions communes. Quand bien même des institutions communes seraient nécessaires, l'ONU est déjà là pour régler le problème. La question de l'utilité de l'Union européenne s'est donc toujours posée, plus particulièrement au début de l'Union et depuis le funèste élargissement à vingt-cinq.
Les eurocrates n'ont jamais pu trouver la place de leurs institutions au-dessus des Etats nations à part le maintien de la paix. Ils vivent dans la peur constante de la suppression des institutions européennes, càd leur gagne-pain. Ils ont donc décidé de se créer une place en s'appropriant les pouvoirs des institutions centrales des Etats membres.
La politique de nettoyage par le vide vise concrètement deux objectifs:
-faire disparaître les particularismes nationaux
-discréditer les Etats en les contraignant à l'inaction.
Pour atteindre ces objectifs, les institutions européennes recourent à trois méthodes:
-Ultralibéralisme: imposer la libéralisation à outrance et la marchandisation afin de priver les Etats membres d'une partie de leurs pouvoirs normatifs mais aussi de leur capacité à mettre en oeuvre une sécurité sociale et des services publiques, à investir et à octroyé des subventions. -Europe des régions: agir localement par l'intermédiaire des régions et acheter leur allégeance à coups de subventions
-Suppression des normes nationales: forcer les Etats à transférer aux institutions européennes autant de compétences normatives que possible et soutenir la régionalisation des autres.
J'ai dit précédemment que la politique de nettoyage par le vide était vaine. Les résultats sont là pour en témoigner.
-Résistance des Etats: L'Union européenne affaiblit les Etats membres en les privant progressivement de toute capacité d'action plutôt que de les rendre plus fort, ce qui suscite une résistance croissante des Etats et des blocages institutionnels.
-Réactions patriotiques: Les institutions européennes empêchent les Etats membres d'agir mais ne s'occupent pas pour autant des problèmes des citoyens, quantité négligeable. Ceux-ci développent alors une aversion pour les institutions européennes et une peur d'un superEtat européen, si paradoxale quand on sait que ces mêmes personnes approuvent l'adhésion à l'Union.
7 ) Pas d'entraide entre les Etats
L'Union ne comporte aucun politique d'entraide, seulement des mesures encourageant la concurrence et des organismes de supervision tellement inefficaces qu'ils comptent pour rien.
Ce sont les Etats les plus doués pour le lobbyisme qui influent le plus sur la construction européenne. Il en résulte une situation paradoxale où les Etats qui sont hostiles à la construction européenne ou ne s'intéresse qu'à la perception de subventions sont ceux qui reçoivent le meilleur traitement des institutions européennes: ristourne d'impôt, fonds structurels créés spécifiquement pour leurs régions, règlementations rédigés selon leur voeux. Les autres par contre, deviennent les perdants et les dindons de la farce, juste bon à financer sans contrepartie le développement des autres.
Les Etats ne développent aucune solidarité entre eux et cherchent tous à tirer la couverture à eux plutôt qu'à s'entraider mutuellement pour résoudre les problèmes de chacun. Cette attitude est renforcé par le comportement des nouveaux entrants qui n'ont rien fait pour l'unification de l'Europe mais font preuve d'un atlantisme inacceptable, d'une grande condescendance et d'un utilitarisme odieux vis-à-vis des membres plus anciens.
Tout ceci explique que l'on se sente encore aujourd'hui plus citoyen de son Etat avant d'être citoyen de l'Union et que les citoyens des autres Etats soient qualifiés à juste titre d'étrangers européens plutôt que de concitoyens.
8 ) Des politiciens incapables de réforme
L'Union européenne tel quel est décrite ci-dessus est un échec. Le fondement de cet échec tien au déficit démocratique et à tout ce qui a trait aux Nations (institutions centrales des Etats membres et culture nationale). Seul les langues nationales ne sont pas haï parce que personne ne veut être forcé de gouverner dans la langue du voisin, pas même les unitaristes européens. Ces derniers se rattrapent en soutenant les langues régionales et le communitarisme linguistique.
L'Union européenne actuelle, c'est une sorte d'OMC européenne , une bureaucratie qui prive les citoyens de leurs services publics et pratique le génocide culturel, le projet voulu par les USA en Europe. Le Traité constitutionnel n'instituait pas la Fédération européenne non-atlantiste, démocratique, laïque et sociale attendu par la population des quinzes mais continuait sur la voie actuelle. Il est une preuve du mépris des revendications des citoyens et de la volonté des politiciens de poursuivre sur la même voie envers et contre tout.
Après le rejet du Traité constitutionnel, les politiciens ne sont toujours pas prêt à changer leur fusil d'épaule. Ils essayent de faire passer un "mini-traité" soi-disant limité aux articles consensuels:
-Primo, il reprendrait texte la partie I qui n'est pas excempt de critique: moins d'un commissaire par Etat alors que la Commission conserve le monopole de l'initiative législative, un ministre des affaires étrangères pour compliquer encore un peu les choses au lieu d'un Président de la Commission qui négocie les traités, pas de deuxième chambre élu directement les citoyens européens,fédéralisme de façade du fait de la clause de compétence générale, etc...
-Deuxio, on supprime la partie III mais on maintient les parties III des traités précédent au lieu de les abroger complètement; le marché commun est et restera ultralibéral.
Le Parlement européen n'aurait toujours pas la possibilité de voter librement le programme, le programme politique du Parti populaire européen restant le programme obligatoire imposé par les Traités. Le mini-traité ne serait évidemment révisable qu'à l'unanimité.